©Nicolas Leroy / NLCréations

Point d’étape sur l’étude des insectes dépréciateurs du chêne dans les forêts ligériennes

Le 13 juin 2024, les représentants de Courvoisier SAS, mécène du projet, ont rencontré sur le site de l’INRAE, à Nogent-sur-Vernisson, les équipes de chercheurs impliqués dans la collecte et l’analyse des insectes dépréciateurs du chêne.
09/07/2024

Mieux comprendre les insectes à l'origine de la piqûre

Lancé en 2023, le projet « Dépréciateur », soutenu par Courvoisier SAS, en partenariat avec l’Université d’Orléans et l’INRAE, a pour but d’étudier les insectes et les champignons associés, impliqués dans le dépérissement de chêne et dans la dépréciation des grumes – les troncs, tant sur pieds qu’une fois les arbres abattus – dans neuf forêts situées dans le bassin de la Loire. Il s’agit, d’une part, d’identifier les peuplements susceptibles d’être touchés par ces ravageurs puis, parmi eux, les arbres particulièrement à risque et, d’autre part, de mieux évaluer leur impact, formant ce qu’on appelle la piqûre sur la qualité du bois touché.

En effet, la piqûre est provoquée par des insectes, des scolytes ou des espèces proches, qui forent des galeries dans le bois où ils cultivent des champignons dont s’alimentent leurs larves. Quand la piqûre ne tue pas l’arbre, elle entraîne une dépréciation de la qualité du bois, qui peut le rendre impropre aux usages de haute qualité (barrique, placage…), dégradant ainsi sa valeur économique.

Il est essentiel de mieux connaître les différentes espèces à l’origine de la piqûre, d’identifier les facteurs qui modulent leur abondance et leur agressivité (température, humidité, forme de l’arbre…) pour mieux comprendre ce phénomène afin d’en tirer des enseignements pour la sylviculture.

Les représentants des parties prenantes du projet expérimentent la grimpe. - ©Yaëlle Szwarcensztein / ONF-Agir pour la forêt

Une visite de terrain… en hauteur

Des représentants de toutes les parties prenantes du projet, de Courvoisier SAS, de l’unité de recherche Écosystèmes forestiers (EFNO) de l’INRAE, de l’Université d’Orléans, de l’Office national des forêts (ONF) et du fonds de dotation ONF-Agir pour la forêt, se sont retrouvés le 13 juin 2024 sur le site de l’INRAE de Nogent-sur-Vernisson (45). La matinée a consisté en une visite en forêt commentée par le chercheur et entomologiste Christophe Bouget (INRAE-EFNO), qui a présenté les différents types de pièges et de capteurs disposés dans les arbres pour collecter les insectes ainsi que la technique de pose et de relevé de ces pièges. En plus des pièges classiques, des pièges photographiques « non destructifs », en test, et des capteurs microclimatiques ont été installés.

Un pôle de grimpe d’arbres a été formé dans l’unité INRAE-EFNO : ainsi, une plateforme « mobile » est ponctuellement installée dans la canopée pour observer le flux d’insectes et collecter tout ce qui émerge et ce qui vole. C’est aussi l’occasion de mesurer le microclimat et la flore de la canopée qui leur sont associés. La visite fut l’occasion pour les équipes présentes de s’essayer à la grimpe et de constater, à une vingtaine de mètres de hauteur, les températures élevées que le changement climatique impose à la cime des arbres.

Aurélien Sallé, maître de conférences en écologie et en entomologie à l’Université d’Orléans, et Christophe Bouget, chercheur à l’INRAE, spécialistes de l'écologie des insectes forestiers. - ©Yaëlle Szwarcensztein / ONF-Agir pour la forêt

De la détermination des espèces aux premiers résultats

Chaque mois, neuf colis d’échantillons récoltés par des opérateurs locaux de l’ONF dans les 135 pièges installés dans les forêts domaniales intégrées à l’étude – Tronçais, Vierzon, Blois, Bercé, Le Gâvre, Orléans-Ingrannes, Châteauroux, Senonches, Vouillé – sont acheminées jusqu’au laboratoire de Nogent. Le contenu de chaque sac est ensuite trié manuellement, avant que chaque insecte d’intérêt pour l’étude, préalablement isolé, soit identifié minutieusement par un entomologiste. Un travail de fourmi sous loupe binoculaire… En parallèle, le laboratoire contribue à alimenter une intelligence artificielle capable de reconnaître les espèces d’insectes de manière autonome, afin de gagner du temps d’opérateur au laboratoire.

À ce jour, ce projet et des travaux préalables ont révélé la présence d’une douzaine d’espèces de scolytes dans les chênaies dépérissantes. Plusieurs espèces peuvent cohabiter sur un même arbre. Les premiers résultats semblent faire le lien entre dépérissement et la diversité et l’abondance de certaines espèces d’insectes. Cependant, les collectes réalisées en 2023 ont démarré trop tardivement par rapport aux cycles de vie de certaines espèces. Les relevés sur l’ensemble de 2024 permettront de consolider les premiers résultats de l’étude, qui doit se poursuivre jusqu’en 2026.

En savoir plus sur le projet :