Le drone au service de la protection de la biodiversité à Fontainebleau
Les milieux ouverts : un héritage biologique menacé
Le terme de « milieu ouvert » peut s’appliquer à de nombreux écosystèmes forestiers, allant des prairies aux mares en passant par les landes ou les sables. Cet espace se caractérise par une végétation basse, herbacée ou arbustive, où les arbres occupent moins de 25 % de la surface. Façonnés au fil des siècles par l’activité pastorale, les milieux ouverts de la forêt de Fontainebleau ont peu à peu été investis par de nouvelles espèces végétales et animales qui ne pouvaient pas se développer dans des conditions de sous-bois.
Avec la régression de l’élevage traditionnel et la déprise agricole, ces milieux d’une grande richesse biologique et paysagère ont tendance à se refermer, c’est-à-dire à se reboiser, menaçant ainsi les espèces qui en dépendent. En forêt de Fontainebleau, c’est le cas du genêt poilu, de la bruyère cendrée, de la callune et des ajoncs qui ne peuvent pas s’épanouir à l’ombre et, par ricochet, de plusieurs espèces animales comme la fauvette pitchou et l’engoulevent d’Europe, deux oiseaux particulièrement dépendants de ces plantes pour s’abriter ou s’alimenter. Aujourd’hui, l’ONF se mobilise pour préserver cet écosystème qui serait voué à disparaître sans intervention humaine.
Innover pour mieux protéger
Menacés par le boisement spontané, les milieux ouverts font l’objet d’une attention particulière des forestiers. Jusqu’alors, le suivi s’effectuait à pied, monopolisant des équipes professionnelles, pendant plusieurs jours, pour réaliser des mesures. En 2023, un projet financé grâce au mécénat de la Fondation Gecina a permis d’expérimenter une nouvelle technique : le suivi par drone.
Plusieurs vols tests ont été organisés avec le drone dans des conditions de météo, d’altitude et de vitesse différentes. À chaque vol, des photographies ont été prises, puis assemblées, couvrant au total une superficie d’une centaine d’hectares. Grâce à ces clichés aériens, pris de plus près que par un satellite, il a été possible de réaliser des orthophotographies : des clichés à mi-chemin entre la carte et la photographie, dont la résolution permet, avec l’aide d’un programme informatique, de reconnaître la flore présente dans le périmètre étudié.
Autre avantage conséquent apporté par le projet, le vol automatisé. Grâce à ce dernier, le drone pourra, lors des prochaines campagnes, suivre le plan de vol préalablement enregistré, sans intervention humaine. Les clichés tirés de ces vols seront facilement superposables aux précédents, permettant une plus grande précision dans le suivi de l’évolution des données.
Une méthode extensible à d’autres milieux ?
Ayant fait ses preuves pour assurer le suivi des landes sèches, l’orthophotographie par drone est porteuse de belles promesses pour d’autres milieux ouverts. Cette technique pourrait notamment aider à mieux appréhender et surveiller les changements observés dans d’autres milieux, comme les tourbières ou les mares, particulièrement sensibles aux effets du changement climatique et abritant, elles aussi, de nombreuses espèces de faune et de flore.
À l’heure où la préservation de la biodiversité est un enjeu majeur, l’orthophotographie rejoint un panel d’outils innovants mis à disposition des forestiers pour assurer la surveillance et la préservation des écosystèmes forestiers. C’est par exemple le cas du Lidar, laser aéroporté permettant la cartographie en 3D de différents écosystèmes forestiers, un autre projet emblématique des évolutions rendues possibles grâce au fonds ONF-Agir pour la forêt.