Le Petit Bois de Suzanne Noël : un projet au long cours avec Soroptimist International

Pour revenir sur les débuts de ce projet singulier soutenu par l’ONG Soroptimist International via ONF-Agir pour la forêt, Emilie Maurice, responsable de l’unité territoriale de Verdun-Damvillers pour l’Office national des forêts (ONF), qui suit le projet sur le terrain, a répondu à nos questions.

Comment a débuté ce projet ?

Emilie Maurice : Entre 2018 et 2020, la forêt domaniale de Verdun, d’une superficie totale de 10 000 hectares, a perdu 1600 hectares d’arbres à cause des scolytes. Ces insectes font mourir les épicéas qui doivent être abattus. La particularité de cette forêt, labellisée Forêt d’Exception® depuis 2014, est de se situer sur le champ de bataille de la Première Guerre mondiale. La parcelle n°427 qui a été touchée se trouve le long de la route départementale entre deux sites patrimoniaux très fréquentés : l’ossuaire (Ossuaire de Douaumont - Souvenez-vous de Verdun) et le fort de Douaumont (Visiter le Fort de Douaumont - Mémorial de Verdun). Par ailleurs, des ouvrages datant de la guerre, comme des abris de combat et des vestiges de tranchées, y sont également présents. Pour toutes ces raisons, il était essentiel de reconstituer le peuplement de cette parcelle.

Comment l’ONG Soroptimist International est-elle intervenue ?

E.M. : Pour fêter ses cent ans d'existence, l’ONG Soroptimist International a lancé en 2021 un appel à projets destiné à faire émerger et financer des projets de plantations d'arbres. C’est dans ce cadre que le projet de reconstitution de cette parcelle par l’ONF leur a été proposé, via le fonds de dotation ONF-Agir pour la forêt. J’étais avec les représentantes du club Soroptimist International Metz la première fois qu’elles ont découvert la parcelle, alors totalement nue, et, depuis, j’assure le suivi du projet.

Quelles ont été les étapes du projet ?

E.M. : La première plantation a eu lieu durant l’hiver 2021-2022 sur la moitié de la surface, soit environ trois hectares, avec des sapins de Bornmüller. Cette essence a été choisie pour sa ressemblance avec les épicéas d’origine – leur couvert dense, leur côté majestueux. De plus, c’est une essence méditerranéenne, plus résiliente au changement climatique. La seconde moitié de la parcelle a pu être replantée l’hiver suivant, avec des sapins de Céphalonie.

Quel bilan peut-on faire aujourd’hui ?

E.M. : Du point de vue sylvicole, on constate que les plants ont très bien repris. La mortalité est très faible, ce qui n’était pas garanti au regard des sécheresses de ces dernières années. On a favorisé la régénération naturelle entre les plants, permettant aux essences locales de se développer. On compte désormais une quinzaine d’essences d’arbres différentes sur le site : un atout pour la biodiversité et un succès en termes de durabilité.
Le soutien au long cours de l’ONG Soroptimist International a permis l’entretien régulier de la parcelle qui accueille le Petit Bois de Suzanne Noël. La volonté des membres des clubs Soroptimist International Metz et Strasbourg, pilotes du projet, était de rendre hommage à cette femme qui a largement œuvré à la création de nombreux clubs Soroptimist en Europe. Suzanne Noël, qui était médecin, s’est mobilisée pour opérer les « gueules cassées », victimes de la Première Guerre mondiale. Une plaque, placée au début du sentier qui mène au bois, permet, grâce à un QR code, de découvrir l’histoire de cette pionnière de la chirurgie esthétique et l’histoire du Petit bois qui porte son nom.